Suite du voyage que vous propose Lee le sinologue de terrain : du Sud le plus torride au Nord le plus glacial, la Chine d'aujourd'hui et de demain. Retour à Canton (广州).
La Chine est en passe de devenir un acteur incontournable… dans le domaine du tourisme. Pendant les années 2000, toute la profession touristique européenne se posait la question : « où sont passés les 100 millions de touristes chinois ? ». La logique voulait que, comme les Russes des années 90, les Chinois enrichis devraient quitter veau-vache-cochon-couvée pour se précipiter toutes affaires cessantes vers le paradis européen. Ça vient, tout doucement. Mais il faut savoir que le touriste chinois reste avant tout attiré par la découverte de son pays. On en croise partout : groupes de retraités avec casquettes de couleur (eh oui, on a vite fait de se tromper de groupe), voyageurs individuels, provinciaux en goguette et entrepreneurs en exploration, ils sont partout. Les points d’intérêt touristiques sont pris d’assaut – pas toujours les mêmes que ceux où se pressent les touristes étrangers, d’ailleurs.
Retour à Canton.
5 heures du mat’, après une trop courte nuit en train. Encore assommé par les
consignes, conseils de prudence et autres mises en garde qu’une suave voix
mécanique a diffusé pendant une bonne partie du voyage, la tête bourdonnante de
la curiosité de mes compagnonnes de voyage qui se relayaient pour me
questionner, j’aspirais à grands traits l’air matinal pour essayer de recouvrer
mes esprits.
La Chine est le
paradis du tourisme ! Vous y viendrez, vous aussi ! Il y en a, des
choses à découvrir ! C’est vrai qu’avec un territoire aussi étendu et une
histoire aussi ancienne, la Chine constitue le plus gros gisement d’histoire-géo du monde ! C’est vrai, les malheurs du
vingtième siècle et l’enthousiasme du vingt-et-unième ont prélevé un lourd
tribut, mais tout de même, il y a plus que de beaux restes. C’est
délirant : plus je me promène en Chine et plus ma liste « choses à
voir » s’allonge (au lieu de se raccourcir).
Je vous ai déjà
parlé de la modernisation des transports : trains ultra-rapides, aéroports
flambant neufs, combinaison métro rapide/taxi pas cher/vélo de loc’ imbattable
dans les villes. C’est l’infrastructure hôtelière qui constitue l’atout décisif
de la Chine touristique. Et n’allez pas croire que c’est (uniquement) grâce à
l’apport international. Certes, les Four Seasons, Kempinski, Hilton et consorts
dominent le super-haut de gamme, mais dans le mass-market, les hôtels chinois
sont tout à fait à la hauteur. En général, le rapport qualité-prix est
étonnamment élevé : à partir de dix ou vingt Euros, en province, on trouve
à se loger au centre-ville selon tous les canons du confort moderne. Dans les
petites villes, c’est moins cher.
Vous y viendrez,
vous aussi (si ce n’est déjà fait). La Chine est l’Eldorado ultime du
touriste, qui y trouve, selon ses besoins, le paradis ou l’enfer, l’ancien ou
le neuf, le chaud ou le froid. Cerise sur le gâteau, il rapporte à la maison un
parfum d’héroïsme, pour avoir bravé toutes ces horreurs qui sont le pain
quotidien de la presse libre occidentale : régime policier, internet
censuré, pollution, corruption, grippe porcine avio-portée, j’en passe et des
meilleures. Jamais on ne décore de la légion d’honneur celui qui revient de
Thaïlande, du Vietnam ou des Philippines.
Seul handicap qui
freine le développement du tourisme global : l’anglais. Curieusement alors que
l’apprentissage de l’anglais depuis le berceau semble être une priorité
nationale, il est rare et difficile de trouver un Chinois parlant plus de
quelques mots. La conversation en anglais s’arrête souvent après les « Hello ! »
et « Looke-looke » qui accueillent partout le touriste. Mais le jour
où Google fusionne avec Apple et qu’ils mettent au point un i-Google translate©
(ou alors un Googlophone©), vous n’aurez plus qu’à causer dans votre
inséparable portable, il répètera en pur mandarin ; pareil en retour. On
se demande ce qu’ils attendent, tous ces services (commande vocale, traducteur
en ligne, expression vocale des textes écrits) existent déjà séparément, on
n’attend plus que le petit génie boutonneux qui les mettra bout à bout et
deviendra milliardaire à quinze ans.
Et la Chine
devient la première puissance touristique !
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