mercredi 22 janvier 2014

Scoop à Shenzhen !


Suite du voyage que vous propose Lee le sinologue de terrain : du Sud le plus torride au Nord le plus glacial, la Chine d'aujourd'hui et de demain. Toujours à Shenzhen (深圳).


Bon alors voilà, en piste pour le scoop promis. Je vous disais, quand l’économie va, tout va. La population est relaxe, détendue, accepte les réformes sociales et les modernisations parfois un peu excessives. La réforme de la langue est un exemple : là où d’autres en auraient fait une question de principe, les Chinois du Sud se contentent de maugréer. Mais là, alors que la France se déchirait encore il y a peu sur l’épineuse question du mariage pour tous, figurez-vous que nous avons assisté à... J’hésite à vous le donner en mille. Franchement, là j’ai peur de perdre toute crédibilité. Vous allez arguer de la mauvaise qualité des photos, pinailler sur la parodie des costumes, sur l’incongruité de la situation. Soupçonner une mauvaise interprétation contextuelle.

Et pourtant - le fait est là, indiscutable : dans la Chine totalitaire, adepte de la censure et du tout-répressif, il y a eu mariage gay. Plus précisément (mais s’agit-il là d’une circonstance atténuante ou aggravante ?) mariage lesbien. Mariage public, sans-gêne, à la limite de l’exhibitionnisme. Devant un public très largement composé d’enfants. Et à ma grande surprise, pas d’émeute, pas de panique, pas d’esclandre. Quand je vous dis qu’ici, on est relax. Quant à moi (je ne sais pas si c’était l’ambiance bleu marine ou quoi) j’étais mé-du-sé.

Figurez-vous que la scène se produit à l’océanarium de Shenzhen. Eh oui, ville maritime prétendant à la modernitude, Shenzhen se doit de posséder un océanarium. Pas aussi beau que celui de Shanghai, pas aussi grand, mais bon, tout de même un lieu où l’on peut s’extasier en masse sur la variété infinie des espèces marines, voire même (en cherchant bien) trouver Némo. Et alors là, sans chercher, dans le grand bassin aux grands poissons, voilà-t-y pas que j’assiste à un ballet totalement incongru de sirènes, mi-humaines mi-poissonnes (mais pas mi-polissones, hein : je vous vois venir, vous et votre esprit coquin, vous allez chercher... mais non, pas de nudité apparente). 


Dans le bassin, au milieu des poissons tout étonnés qui observaient cela bouche bée d’un œil surpris. Je joue des coudes pour m’approcher et mieux voir, quand soudain voici Monsieur Madame et Madame Madame qui plongent et rejoignent les charmantes naïades ! L’une en costume de marié, l’autre en robe de mariée ! Et le commentateur au micro de pousser des hurlements enthousiastes : « Hé oui cher public, voici Mâme Unetelle et sa chère et tendre Unautretelle, qui ont décidé, ici et maintenant, devant vous, d’officialiser leur union pour le meilleur et pour le pire ! Comme c’est romantique, etc etc ». Et le public, bon public, d’applaudir et d’immortaliser la scène ! Et les jeunes mariées de s’embrasser et de faire signe à leurs admirateurs !

Quand l’économie va, tout va.

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