mardi 21 janvier 2014

Shenzhen, le labo de la Chine



Suite du voyage que vous propose Lee le sinologue de terrain : du Sud le plus torride au Nord le plus glacial, la Chine d'aujourd'hui et de demain. Deux jours à Shenzhen (深圳).



Ici en Chine, tout le monde sent l’économie croître. C’est physique, on sent les vibrations économiques qui pulsent, le dragon chinois qui ronronne, on le sent avancer, bandant ses muscles, lentement et puissamment comme un bœuf au labour.

Dans l’euphorie de la croissance économique, il n’y a pas de peurs irrationnelles, pas de tabous qui tiennent, pas de culte du passé. Alors on démolit et on reconstruit, ou alors, comme ici à Shenzhen, on planifie et on construit, et en grand. Je craignais un peu la ville en carton-pâte, voyez, le genre Disneyland urbain, avec en surface, vu de loin, les attributs de la ville, les avenues et les squares, mais, au détour d’une ruelle ou en grattant un peu la surface, l’envers du décor, les fissures et le néant. Eh bien non, je vous rassure : une vraie ville avec de vrais habitants. Comme ces jeunes urbains-sociopros voisins de table dans un resto qui nous ont aidés un peu à choisir entre les spécialités locales, puis nous ont gentiment conduits en voiture vers le quartier financier by night. C’est que Shenzhen ne possède pas de centre-ville à proprement parler, plutôt d’immenses districts spécialisés.



Ici, le centre des affaires, avec des immeubles de 100 étages minimum. Là, de vastes parcs à thème ou simplement verdoyants. Ailleurs, le centre du shopping, avec des malls qui s’enchaînent par spécialité (électronique, mode, alimentaire, etc), séparés par des flopées de boutiques estampillées « marque internationale ». Vous n’allez pas me croire, mais au pays de la contrefaçon, les habitants ne rêvent de rien d’autre que d’acheter de l’authentique ! Les boutiques Rolex, Gucci, Dior, que sais-je, vendent leur camelote (made in China) aux VRAIS prix presque mieux que les imitations que l’on trouve absolument partout.


Bon je vous torche juste en vitesse le topo réglementaire d’histoire-géo avant le scoop qui va vous mettre sur le cul. Histoire, c’est vite fait : village de pêcheurs à une encablure du rocher de Hong Kong, connu et mentionné sur les cartes tout de même depuis l’époque Ming. Obtient le statut de ville en 1979, ainsi que celui de ZEP (zone de développement économique prioritaire). Depuis, on construit. Des immeubles de bureaux, des immeubles d’habitation, des infrastructures urbaines (genre autoroutes péridurales qui s’entrecroisent sur trois niveaux). Et croyez-moi, les archis se sont lâchés. Pas de contraintes de budget, pas de limites de hauteur, pas de censure artistico-culturelle. Pas sûr que ça va toujours très bien vieillir, ces grands ensembles d’habitation de masse : c’est sûr que c’est coloré, il y a de la variété dans les matériaux et les couleurs, brique ici, verre & acier là, béton brossé par-ci, béton-bois par là. Mais quand même : c’est du 30 étages-30 immeubles à chaque fois, minimum. Ben oui, que voulez-vous, il faut bien les loger, ces ex-péquenots attirés par les lumières de la ville. La spécialité locale, c’est l’exportation. 

Ville portuaire (huitième de Chine, quatorzième mondiale, juste derrière Hong Kong), place financière (la bourse de Shenzhen est la troisième en Chine, loin derrière Shanghai et Hong Kong, mais quand même quinzième mondiale), puissance maraîchère (le Guangdong est réputé pour ses fruits tropicaux : mangues, pamplemousses, ananas, mais aussi fraises, cerises, et puis des trucs chinois multicolores incroyables, ça doit être des Apples Monsanto croisées avec Pixar). Métro hyper-classe, aux cinq lignes assez futuristes (sauf pour les petits jetons plastique, un peu has been) qui s’entrecroisent sur les 2000 km² du territoire urbain et vont jusqu’à chatouiller de leurs tentacules les extrémités du réseau de Hong Kong.
Connexions dignes d’une grande ville avec gare TGV et aéroport aux normes internationales.

Bon, voilà, pour plus de détails me contacter. A tout de suite pour le scoop!

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