jeudi 22 janvier 2015

1,3 milliard de Charlie

Eh oui, la Chine aussi ! Jamais en retard d’un engouement occidentaloïde, les Chinois ont aussi sauté sur l’occasion de s’exprimer en bloc, d’afficher un slogan collectif, quitte à ce que (comme chez nous) il soit goûté et interprété de façon différente voire opposée par les différents groupes. J’ai bien aimé la traduction de Charlie faite au pied levé par je ne sais trop qui !  

tchali, c’est-à-dire examiner/contrôler/inspecter la raison/logique. Inspecter la raison ! Contrôler les raisons qui se cachent derrière les événements ! Remettre en question la raison ! Jamais on n’avait si bien résumé l’essence d’un magazine satirique, irrévérencieux, vulgaire, scandaleux et libre… 
Une microscopique élite de Chinois francophones, ou amoureux de la liberté d’expression, ou de la liberté d’expression en France, s’est affichée avec l’équivalent traduit du fameux panneau brandi en France. 

Une majorité en Chine s’est engagée moins pour la liberté de la presse que pour s’indigner du massacre qui s’est produit à Paris (n’oublions pas que la Chine aussi a été frappée par des attentats récemment). Pour eux, le nom de ce journal dont ils entendaient parler pour la première fois aurait dû être 杀历 shali, tuer/massacrer subir/connaître, c’est-à-dire « ayant subi un massacre ». 

 

En Chine on ne vénère pas autant qu’en France les voix discordantes, souvent considérées comme des menaces à l’harmonie qui doit être le but commun, et de tels fauteurs de troubles pourraient éventuellement s’appeler tchali, différent/faux/mauvais radicalement/strictement, c’est-à-dire « radicalement mal-pensant », ce qu’était aussi Charlie. 
Mais en Chine comme en France, il se serait sûrement trouvé aussi des gens pour condamner Charlie, pour trouver, comme on l’a entendu en France malheureusement peu de temps après la tragédie, comme l’auteur ou du moins le complice de son propre malheur. L’instigateur, par son refus radical de respecter le sacré, de troubles mortels dans différentes parties du monde. Un tel agent pathogène pourrait se traduire comme une « force maléfique », 杀力.

Il n’est pas exclu que certains se sont trouvés pour considérer comme un peu absurde cet engouement soudain pour une gazette somme toute bien stupide et insignifiante, 傻理 shali.

Enfin, comme chez nous, certains irrévérencieux se sont gaussés de l’engouement panurgique, de l’ensemble parfait avec lequel tout le monde s’est déclaré rebelle ! Les vrais Charlie ? 
 AVIS AUX LECTEURS désolé pour ce manque de réactivité, pas un post depuis des mois, mais si vous saviez! Désormais de retour à Pékin, j'ai un accès plus que réduit à mon propre blog! Si c'est pas un comble ça! Enfin z'inquiétez pas on va y remédier.

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