mardi 27 janvier 2015

Le jeu des cinquante erreurs



On fête aujourd’hui 27 janvier la clôture des festivités du « cinquantenaire » franco-chinois… libations, commémorations, grandes déclarations. Quoi d’autre ? Ces réflexions…

Le cinquantenaire des relations diplomatiques de la France avec la Chine populaire remplit la presse française de diatribes effarouchées. « Gare à nepas perpétuer le mythe d’une relation privilégiée », suggère Mme Mengin. Rassurez-vous Madame, personne ne perpétue, loin de là ! Depuis Nicolas Sarkozy accueillant le Dalaï Lama en chef d'Etat, jusqu’à la bourde de François Hollande qui a un instant confondu Japonais et Chinois, en passant par la flamme olympique éteinte par des manifestants à Paris, la France fait tout, ces dernières années, pour effacer l’impression qu’elle cherche à se rapprocher de la Chine. 

« Audace visionnaire » du Général de Gaulle ? Il a eu des visions plus audacieuses que celle-ci : pour une fois il s’est contenté, bien tardivement, de se rendre à l’évidence. Depuis 15 ans le siège de la Chine à l’ONU était tenu par Taïwan, une île de 10 millions d’habitants, tandis que la Chine continentale n’était pas représentée ! Reconnaître comme tel le pays le plus peuplé du monde, qui allait accéder quelques mois plus tard à l’arme atomique, qui avait joué un rôle central dans le mouvement des non-alignés à Bandoeng en 1955, dont l’idéologie maoïste subjuguait l’intelligentsia française, c’était un peu reconnaître l’inévitable.



Il ne faudrait pas qu’aujourd’hui la France s’enferme dans un anti-gaullisme suicidaire. L’audace visionnaire, aujourd’hui, c’est accepter l’évidence que la Chine sera la grande puissance du XXIème siècle, et en tirer les conséquences. Il serait dommage de perdre, par aveuglement atlantiste, notre excellent potentiel de partenariat avec ce pays. Contrairement à nos dirigeants, les Chinois se rappellent du Général, de notre tradition de bonnes relations avec les pays du Tiers-monde, de notre souveraineté nationale autrefois sourcilleuse. Contre toute attente, malgré les imprudences et les maladresses de nos présidents, la Chine continue de miser sur la France. Au-delà des vins millésimés et des sacs estampillés, le peuple chinois apprécie la culture française, voit dans la France un modèle à suivre. Démocratie, droits de l’homme, technologies : c’est vrai que nous avons beaucoup de leçons à partager.
 



Mais réciproquement, notre pays qui se débat dans la stagnation économique et le doute existentiel a des leçons à prendre en Chine. Je suis toujours surpris de ce paradoxe : l’intelligentsia française qui adorait Mao voue aux gémonies la Chine d’aujourd’hui. N’est-il pas évident que sur le plan des droits de l’homme bien des progrès ont été faits ? Ne peut-on pas espérer que d’autres progrès suivront ? Sur le plan économique, la Chine remonte spectaculairement la pente que nous descendons ; plutôt que de la conspuer, on ferait bien d’étudier ses recettes : création d’emplois, politique monétaire rigoureuse, rôle de l’Etat dans l’économie, que sais-je ?

L’Allemagne, notre modèle qui pourtant nous effraie toujours, a assis sa croissance sur un partenariat économique avec la Chine. Saisissons la chance qui se présente avec ces festivités du cinquantenaire pour relancer un peu le partenariat stratégique entre nos pays, qui se limite pour l’instant à de bien maigres échanges culturels. La Chine, seconde économie mondiale (ou première?), n’occupe que le 12ème rang des investissements français à l’étranger. Vous parlez d’une relation privilégiée !
 




Un peu d’audace visionnaire, que diable ! Echanges d’étudiants, joint-ventures, transferts de technologie, coproductions cinématographiques, énergies renouvelables : tout cela était déjà écrit et prévu dans le texte du partenariat stratégique signé en 2010. Au travail !

Que vous disais-je ? Voilà qu’on me signale à l’oreillette qu’aujourd’hui même a été signée une première très belle victoire franco-chinoise ! Vous voyez quand on y met un peu de bonne volonté !



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