dimanche 11 septembre 2016

Un G20 historique? catastrophique? dithyrambique?



Résultat de recherche d'images pour "G20 hangzhou" 
Quels ont été les résultats du G20 à Hangzhou ? Selon que vous lisez la presse internationale ou que vous lui préférez la chinoise, vos impressions seront opposées.

À l’Ouest, rien de nouveau : on s’en tient à l’anecdotique, au convenu, au banal, histoire de mieux cacher peut-être ce que ce sommet avait d’historique. Ainsi The Guardian étudie en détail les raisons pour lesquelles la nouvelle première ministre Theresa May se retrouve coincée sur le côté de la « photo de famille » (la raison n’est pas le Brexit) et Le Monde se fend de plusieurs « analyses » qui tantôt montent ridiculement en épingle l’ « affaire du tapis rouge » d’Obama, tantôt font un larmoyant plaidoyer pour les malheureux citoyens de Hangzhou dont la liberté de circuler a été entravée tout au long d’un interminable week-end.


Lorsqu’il se décide finalement à parler du contenu du G20, le quotidien du soir n’y voit que la Syrie et le terrorisme. Le Devoir souligne lui aussi cet aspect de l’agenda du G20, précisant que l’accord espéré entre Russes et Américains n’était pas intervenu,  à quoi Russia Today rétorque en précisant que Vladimir Poutine a promis un accord « d’ici quelques jours », tandis que CNN cite le président américain qui affirme que « la confiance nécessaire à un accord fait défaut. » La Dépèche reprend le thème de la Syrie et y ajoute une louche de « tensions en Mer de Chine méridionale. » D’autres organes de presse préfèrent souligner d’autres aspects, souvent secondaires, des discussions : tandis que Sputnik News s’attarde sur l’apostrophe peu diplomatique que le président philippin a adressé à son homologue américain, La Presse décrète de son côté, citant de vagues « experts », que « cette année en particulier, il est peu probable que le G20 produise des résultats sérieux », même si l’on peut s’attendre à une « longue liste de promesses. » Pour ce quotidien comme pour d’autres, le sommet du G20 est surtout une occasion pour la Chine de s’afficher sur la scène mondiale.  

Les Échos mettent l’accent sur les discussions concernant l’industrie, la fiscalité et les barrières commerciales. Ouest-France ne retient du sommet que « des déclarations de principe et une intense activité diplomatique. » Plus sérieux, La Croix et le Washington Post s’essaient à une synthèse : courte et résumée en trois points pour le premier (libre-échange, lutte contre les paradis fiscaux, surcapacités industrielles) et interminablement détaillée pour le second... qui souligne la volonté exprimée par François Hollande de « réguler l’économie mondiale » (un slogan qui équivaut à un chiffon rouge pour nos amis d’outre-Atlantique) et celle de Xi Jinping que le « G20 fournisse une feuille de route à la gouvernance mondiale au lieu de simplement gérer les crises au jour le jour. » Une façon de dénoncer l’approche américaine qui consiste justement à gérer les crises au jour le jour, sans véritable stratégie et surtout sans s’encombrer du droit international ou de l’avis des uns et des autres. 


Le contraste ne pourrait pas être plus saisissant lorsqu’on ouvre la presse chinoise. Ici, le ton est dithyrambique. « Des résultats du G20 qui se traduisent dans la vie de tous les jours » titre China Daily, qui souligne en particulier l’entrée du RMB dans le panier des monnaies de la Banque Mondiale à partir du 1er octobre, une première pour les pays en développement. Le quotidien cherche à identifier les retombées positives des grandes mesures annoncées lors de ce sommet, comme la création d’emplois dans les pays émergents, les avancées (modestes, certes) en termes de libéralisation du commerce, les innovations qui seront encouragées et les fonds qui bénéficieront aux PME, sans oublier les accords et les ratifications sur le climat et les émissions de CO2. Global Times titre quant à lui « Le sommet du G20 s’achève sur des résultats concrets. »  

Un optimisme un peu forcé peut-être, qui contraste tout de même avec le scepticisme systématique qui règne en Occident et, avouons-le, la minceur des résultats. Un G20 historique, pourtant, comme on ne manque jamais de le souligner ici, pour une raison simple : c’est la première fois, depuis que le G7 « club des plus riches » est devenu le G20 « club des plus influents » en 2008, que la présidence échoit à un pays en développement, et de surcroît au plus important d’entre eux. On peut donc affirmer que les pays émergents viennent enfin d’émerger et qu’ils ont désormais voix au chapitre. 

L’irruption des émergents sur la scène mondiale, ou selon la méprisante formule du Monde « Le Triomphe des autocrates », est un bouleversement dont on n’a pas fini de mesurer les conséquences.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire