Quels ont été les résultats du G20 à Hangzhou ?
Selon que vous lisez la presse internationale ou que vous lui préférez la
chinoise, vos impressions seront opposées.
À l’Ouest, rien de nouveau : on s’en tient à
l’anecdotique, au convenu, au banal, histoire de mieux cacher peut-être ce que
ce sommet avait d’historique. Ainsi The
Guardian étudie en détail les raisons pour lesquelles la nouvelle première
ministre Theresa May se retrouve coincée sur le côté de la « photo de
famille » (la raison n’est pas le Brexit) et Le Monde se fend de plusieurs « analyses » qui tantôt
montent ridiculement en épingle l’ « affaire du tapis rouge »
d’Obama, tantôt font un larmoyant plaidoyer pour les malheureux citoyens de
Hangzhou dont la liberté de circuler a été entravée tout au long d’un
interminable week-end.
Lorsqu’il se décide finalement à parler du contenu du
G20, le quotidien du soir n’y voit que la Syrie et le terrorisme. Le Devoir souligne lui aussi cet aspect
de l’agenda du G20, précisant que l’accord espéré entre Russes et Américains
n’était pas intervenu, à quoi Russia Today rétorque en précisant que
Vladimir Poutine a promis un accord « d’ici quelques jours », tandis
que CNN cite le président américain qui affirme que « la confiance
nécessaire à un accord fait défaut. » La
Dépèche reprend le thème de la Syrie et y ajoute une louche de
« tensions en Mer de Chine méridionale. » D’autres organes de presse
préfèrent souligner d’autres aspects, souvent secondaires, des
discussions : tandis que Sputnik
News s’attarde sur l’apostrophe peu diplomatique que le président philippin
a adressé à son homologue américain, La
Presse décrète de son côté, citant de vagues « experts », que
« cette année en particulier, il est peu probable que le G20 produise des
résultats sérieux », même si l’on peut s’attendre à une « longue liste
de promesses. » Pour ce quotidien comme pour d’autres, le sommet du G20
est surtout une occasion pour la Chine de s’afficher sur la scène mondiale.
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Le contraste ne pourrait pas être plus saisissant
lorsqu’on ouvre la presse chinoise. Ici, le ton est dithyrambique. « Des
résultats du G20 qui se traduisent dans la vie de tous les jours » titre China Daily, qui souligne en particulier
l’entrée du RMB dans le panier des monnaies de la Banque Mondiale à partir du 1er
octobre, une première pour les pays en développement. Le quotidien cherche à
identifier les retombées positives des grandes mesures annoncées lors de ce
sommet, comme la création d’emplois dans les pays émergents, les avancées
(modestes, certes) en termes de libéralisation du commerce, les innovations qui
seront encouragées et les fonds qui bénéficieront aux PME, sans oublier les
accords et les ratifications sur le climat et les émissions de CO2. Global Times titre quant à lui « Le
sommet du G20 s’achève sur des résultats concrets. »
Un optimisme un peu forcé peut-être, qui contraste tout
de même avec le scepticisme systématique qui règne en Occident et, avouons-le,
la minceur des résultats. Un G20 historique, pourtant, comme on ne manque
jamais de le souligner ici, pour une raison simple : c’est la première
fois, depuis que le G7 « club des plus riches » est devenu le G20
« club des plus influents » en 2008, que la présidence échoit à un
pays en développement, et de surcroît au plus important d’entre eux. On peut donc
affirmer que les pays émergents viennent enfin d’émerger et qu’ils ont
désormais voix au chapitre.
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