dimanche 22 décembre 2013

La Chine assoiffée de sang



M. Pedroletti a un problème : Le Monde lui a commandé un brûlot anti-chinois. Comme il ne veut pas mentir frontalement, il cherche des éléments à charge. Ingrate tâche : alimenter une thèse décidée à l’avance ! On le voit ruser avec les mots, jouer de sous-entendus et manier la contradiction. A la fin, seuls ses « tout se passe comme si » et ces « voix qui s’élèvent » [dans l’anonymat] viennent corroborer ses soupçons.

Comme il manque d’exemples réels, il recourt à la novlangue où les mots acquièrent un sens différent, parfois contraire et parfois similaire à leur sens original. Parfois ils sont totalement dépourvus de sens :

«Convoitée» la puissance chinoise? On ne peut convoiter que ce que l'on peut envisager théoriquement de s’approprier : la puissance chinoise, par définition, appartient à la Chine. Qui peut bien convoiter la puissance chinoise?


La Chine, puissance agressive? Le texte rappelle pourtant que son budget militaire est 4 à 8 fois inférieur à celui des USA et qu'elle n'entretient aucune base militaire à l'étranger (contre 800 pour les US) ; ajoutons que la Chine n'a envahi aucun pays, alors que la puissance pacifique d'outre-Atlantique a à son actif une soixantaine de conflits extérieurs. Si la politique étrangère de la Chine est agressive, il faut bien qualifier de pacifique celle des USA, et aussi appeler guerre la paix.

La Chine exerce « un levier » politique sur l’Europe dont elle rachète la dette. Vraiment ? Si c’était vrai, il y a belle lurette que les USA danseraient au son de son hymne national et mettraient leur politique étrangère au service des desiderata chinois. Il s’agit tout au plus d’un levier moral, et on sait que la morale, dans les affaires internationales, c’est le coussin sur lequel on s’assoit.

On attend le poncif du néo-colonialisme en Afrique, qui finalement ne vient pas : « elle sème partout son modèle de non-ingérence et d’aide économique liée »… mais c’est porté dans la liste des exemples d’« agression » !

M. Pedroletti est bien obligé d’en convenir : la Chine nous fait peur parce qu’elle se développe et retrouve progressivement son statut de première puissance économique mondiale. Mais on cherche en vain des exemples concrets d’abus et d’agressivité. Elle s’en tient strictement au droit international.

A la fin de l’article se dévoile enfin son vrai sujet : les îles Diaoyu/Senkaku. Une fois de plus M. Pedroletti doit bien l'admettre à contrecoeur : chaque fois que la tension monte, avec le Japon ou les USA, c’est finalement la Chine qui finit par composer, fidèle à sa doctrine de « l’émergence pacifique » (laissant les premiers exercer leur doctrine du « passé décomplexé » et les seconds leur politique du « bulldozer dans un magasin de porcelaine »).

Agressive, la Chine ? Cet article, malgré son titre, démontre le contraire.


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