vendredi 28 février 2014

Sur la route de Shangri-La : Dali

Suite des merveilleux voyages de Lee le sinologue aux semelles de vent ! Cette fois ce sont des notes qui datent de l'année dernière : voyage au Yunnan (云南), le Sud-Ouest montagneux & mystérieux, le pays des confins !

L’architecture est avant tout un condensé d’histoire-géo. Matières, climat, apports technologiques et destructions périodiques (guerres ou catastrophes naturelles) façonnent, par une logique darwinienne d’essais, d’erreurs et d’ajustements, l’architecture la plus faisable dans chaque région. Dans le Yunnan, pays des confins et de la diversité ethnique, c’est un festival. Les petites villes touristiques, qui ont eu la chance de traverser sans trop de destructions la Révolution culturelle, bénéficient désormais d’un fort pouvoir d’attraction sur les masses populaires mondialisées. Et, ce qui n’est pas possible dans les grandes villes l’est ici : le développement de la ville moderne se fait en-dehors du centre-ville historique.

Les grandes avenues, la gare, les bagnoles, le MacDo réglementaire, tout ça se regroupe autour d’un centre neuf, tandis que les petites ruelles étroites continuent de zigzaguer entre les belles maisons anciennes aux murs décrépits ou parfois recrépits.



Dali, comme toutes les capitales, est construite selon un schéma carré, entouré d’un mur d’enceinte orienté Nord-Sud-Est-Ouest. Capitale ? Hé oui, comme je vous le disais, ce patelin a été autrefois la capitale du royaume de Nanzhao (autour de l’an 800) qui s’est ensuite appelé tout simplement « Royaume de Dali ». D’ailleurs Dali, 大理, signifie en gros « grand dirigeant » ou « manager en chef ». Dali, en Chine, c’est aussi l’équivalent de Carrare en Europe : la fortune de la région est due aux gisements de marbre, qui s’appelle en Chine tout bêtement « la pierre de Dali » (大理石), tant les marbres du coin étaient et sont encore prisés pour leur pureté et les 50 nuances de gris qu’ils déclinent, depuis le blanc le plus éclatant jusqu’au noir le plus profond. On les retrouve dans tous les monuments impériaux de Pékin à Nanjing.

Admirez-moi ces charpentes, ces toitures, ces portails ! Comme à Pékin on trouve le système des petits jardinets intérieurs entourés de chambres (les hutongs avec leur cour centrale) ; on a aussi les toitures aux coins qui rebiquent. En revanche ici on pratique le second voire le troisième étage. En général les fondations sont en pierre, et la structure en bois. Les murs ne sont que du remplissage, ils ne sont pas porteurs. 

N’oublions pas que, adossé au Tibet et à l’Himalaya, le Yunnan est une région à risque sismique élevé. Mais avec ses ruelles anciennes et bien entretenues, ses petits cafés, restos et pensions, ses artisans et ses musées historiques, son climat enchanteur, le risque sédentaristique est plus grand encore ! C’est ici que je me prends de conversation avec Greg, un informaticien étasunien qui a décidé de s’installer ici à durée indéterminée pour « ne rien faire » ! Il loue un petit appartement, se promène et discute avec les gens, donne quelques cours d’anglais. Un adepte de la décroissance. C’est ce qui vous guette si vous décidez, vous aussi, de prendre quelques vacances dans le coin. C’est trop tentant !

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