L’architecture
est avant tout un condensé d’histoire-géo. Matières, climat, apports
technologiques et destructions périodiques (guerres ou catastrophes naturelles)
façonnent, par une logique darwinienne d’essais, d’erreurs et d’ajustements,
l’architecture la plus faisable dans chaque région. Dans le Yunnan, pays des
confins et de la diversité ethnique, c’est un festival. Les petites villes
touristiques, qui ont eu la chance de traverser sans trop de destructions la
Révolution culturelle, bénéficient désormais d’un fort pouvoir d’attraction sur
les masses populaires mondialisées. Et, ce qui n’est pas possible dans les
grandes villes l’est ici : le développement de la ville moderne se fait
en-dehors du centre-ville historique.
Les
grandes avenues, la gare, les bagnoles, le MacDo réglementaire, tout ça se
regroupe autour d’un centre neuf, tandis que les petites ruelles étroites
continuent de zigzaguer entre les belles maisons anciennes aux murs décrépits
ou parfois recrépits.
Dali,
comme toutes les capitales, est construite selon un schéma carré, entouré d’un
mur d’enceinte orienté Nord-Sud-Est-Ouest. Capitale ? Hé oui, comme je vous le
disais, ce patelin a été autrefois la capitale du royaume de Nanzhao (autour de
l’an 800) qui s’est ensuite appelé tout simplement « Royaume de Dali ».
D’ailleurs Dali, 大理,
signifie en gros « grand dirigeant » ou « manager en chef ». Dali, en Chine,
c’est aussi l’équivalent de Carrare en Europe : la fortune de la région est due
aux gisements de marbre, qui s’appelle en Chine tout bêtement « la pierre de
Dali » (大理石),
tant les marbres du coin étaient et sont encore prisés pour leur pureté et les
50 nuances de gris qu’ils déclinent, depuis le blanc le plus éclatant jusqu’au
noir le plus profond. On les retrouve dans tous les monuments impériaux de
Pékin à Nanjing.
Admirez-moi
ces charpentes, ces toitures, ces portails ! Comme à Pékin on trouve le système
des petits jardinets intérieurs entourés de chambres (les hutongs avec leur cour centrale) ; on a aussi les toitures aux
coins qui rebiquent. En revanche ici on pratique le second voire le troisième
étage. En général les fondations sont en pierre, et la structure en bois. Les
murs ne sont que du remplissage, ils ne sont pas porteurs.
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