Les
sinologues parisiens dénoncent à longueur de colonne la Chine à deux vitesses,
celle des inégalités, de la corruption et de l’injustice. La misère terrible de
ces gens privés de droit de vote. Qu’en est-il réellement ? Lee le
sinologue de terrain a enfourché son biclou rouillé pour aller à la rencontre
de la Chine d’en bas. Rencontres du bord de la route et portraits de la Chine
des bas-côtés.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7LKOFpOGNvA5oux3rixVgCneyVYNs3aYBwfveFR67PNDDJcauhOMYakgMv2D7TunrF0rSIJQtEx24a9jMHLJRWDo9PGxHIhAaZfDcxB55vPreamM1NQQysf86UeEN1VI-HB9OgOsA0kc/s1600/Sweep.jpg)
C’est lorsqu’on quitte les centres-ville et les centres
commerciaux rutilants, qu’on s’aventure sur les routes poudreuses chargées de
camions et que l’on zigzague dans les échangeurs, qu’on passe tout de suite de
l’Empire du milieu à la Chine d’en bas. La sortie de Pékin est peu
enthousiasmante : canaux remplis d’une boue nauséabonde, talus d’herbes
sèches et zones industrielles.
Enfer chanté et décrit avec force trémolos par des
bloggueurs et les infatigables contempteurs de la Chine moderne (je doute
d’ailleurs qu’ils y aient mis les pieds). Taudis, petits magasins crasseux,
artisans et colporteurs sur bas-côté : cela respire la pauvreté. Et le
contraste avec les Jeeps et les 4x4 qui passent à tombeau ouvert est aussi
choquant qu’il est universel.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXhDU-MZMCkzxqIxbr7oTlt2-B4nqCpvsJefuTztJDm12fQsyKu_bElsA1Hpa-9GTF8S4U8PopixNokWra5ksiP7RzK1vvtsjJac9emF1h_4iADL0a29tKeON-o8wOLs6jqjqBNiyiPCE/s1600/Transhumance.jpg)
C’est ici qu’on touche du doigt ce qui fait la force du pays : cette calme détermination des pauvres à s’enrichir. Pas à survivre, non, à s’enrichir. Le bas-côté de la route nationale est un écosystème d’artisanats et de petits commerces où chacun cherche et trouve sa pitance.
Je cherchais à me procurer une carte routière. Après
plusieurs tentatives infructueuses dans les stations-service, j’avisai un
magasin d’articles de pêche. Puisque ceux qui devraient en vendre n’en vendent
pas, peut-être que ceux qui ne devraient pas en vendent ? Là non plus, pas
de carte en stock, mais en revanche le tenancier m’indique la route à prendre
pour Tianjin. Il se fend même d’un petit schéma explicatif sur un papier qui
traînait là. Un peu plus loin, un concours de pêche en eaux troubles me
surprend : comme à Pékin, les gens ici aiment tremper leurs lignes dans
des eaux pourtant peu transparentes et je ne les ai jamais, au grand jamais,
vus tirer le moindre goujon de la soupe de métaux lourds qui leur sert de
terrain de chasse. Les pêcheurs français sont patients, les pêcheurs chinois ont la foi.
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