mardi 15 avril 2014

La Chine des bas-côtés : 1 - Beijing-Tianjin à vélo



Les sinologues parisiens dénoncent à longueur de colonne la Chine à deux vitesses, celle des inégalités, de la corruption et de l’injustice. La misère terrible de ces gens privés de droit de vote. Qu’en est-il réellement ? Lee le sinologue de terrain a enfourché son biclou rouillé pour aller à la rencontre de la Chine d’en bas. Rencontres du bord de la route et portraits de la Chine des bas-côtés.

Pour mon voyage-test j’ai choisi de rejoindre Tianjin, cinquième ville du pays et située à 130 km seulement de Pékin, direction sud-est. Ville portuaire, donc descente imperceptible vers le niveau de la mer (Pékin n’est pas très haut perché non plus : 40 m en moyenne au-dessus du niveau de la mer).


C’est lorsqu’on quitte les centres-ville et les centres commerciaux rutilants, qu’on s’aventure sur les routes poudreuses chargées de camions et que l’on zigzague dans les échangeurs, qu’on passe tout de suite de l’Empire du milieu à la Chine d’en bas. La sortie de Pékin est peu enthousiasmante : canaux remplis d’une boue nauséabonde, talus d’herbes sèches et zones industrielles.

Enfer chanté et décrit avec force trémolos par des bloggueurs et les infatigables contempteurs de la Chine moderne (je doute d’ailleurs qu’ils y aient mis les pieds). Taudis, petits magasins crasseux, artisans et colporteurs sur bas-côté : cela respire la pauvreté. Et le contraste avec les Jeeps et les 4x4 qui passent à tombeau ouvert est aussi choquant qu’il est universel.
 
C’est ici qu’on touche du doigt ce qui fait la force du pays : cette calme détermination des pauvres à s’enrichir. Pas à survivre, non, à s’enrichir. Le bas-côté de la route nationale est un écosystème d’artisanats et de petits commerces où chacun cherche et trouve sa pitance.

Je cherchais à me procurer une carte routière. Après plusieurs tentatives infructueuses dans les stations-service, j’avisai un magasin d’articles de pêche. Puisque ceux qui devraient en vendre n’en vendent pas, peut-être que ceux qui ne devraient pas en vendent ? Là non plus, pas de carte en stock, mais en revanche le tenancier m’indique la route à prendre pour Tianjin. Il se fend même d’un petit schéma explicatif sur un papier qui traînait là. Un peu plus loin, un concours de pêche en eaux troubles me surprend : comme à Pékin, les gens ici aiment tremper leurs lignes dans des eaux pourtant peu transparentes et je ne les ai jamais, au grand jamais, vus tirer le moindre goujon de la soupe de métaux lourds qui leur sert de terrain de chasse. Les pêcheurs français sont patients, les pêcheurs chinois ont la foi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire