lundi 14 avril 2014

Lee bloqué par le Great Firewall of China !



De retour à Pékin, je retrouve avec des soupirs de nostalgie tous ces petits trucs charmants & agaçants qui font le quotidien Chine !

Pékin, c’est ça surtout ! Tous ces trucs horripilants et pourtant si chers qui me rappellent à chaque pas que je retrouve mes pénates longuement délaissées. Les klaxonades ! J’avais presque oublié la cacophonie des véhicules qui s’expriment pratiquement en continu, chacun sur son registre aigu, grave, strident ou chevrotant. Les bagnoles garées sur les trottoirs et les pistes cyclables (et dans les embouteillages). Les protège-pneus sur les voitures garées.
Les chiottes publiques sans portes ! (Imaginez à l'heure de pointe !)



Les crachats ! Ces bronches que leurs propriétaires ramonent à grands raclements… et les Pékinoises qui traînent les pieds en chuchotant d’urgentissimes futilités à leur cher & tendre smartphone.

Mais surtout, l’internet censuré ! L’internet bloqué ! L’internet outragé ! Depuis mon retour, nouveau tour de vis : désormais des sites aussi respectables que Leeleblog.blogspot ou aussi inoffensifs que Lemonde.fr sont inaccessibles aux intersinonautes !

Volonté machiavélique de couper du monde un peuple enchaîné par la propagande et assoiffé d’accéder aux informations « objectives » de l’Occident ? N’exagérons rien. Ne cédons pas  à la panique : c’est plutôt une tentative des autorités chinoises pour maintenir un semblant de souveraineté sur une ressource stratégique. 

La souveraineté sur internet ? Ca existe ? Et on peut la perdre ? Vraiment ?

Voyez la France : Google (mais aussi Facebook, Linkedin, Twitter, et bien d’autres) a établi une domination si absolue sur le public français qu’il se place au-dessus de la loi. Non seulement il est devenu illusoire de taxer les monstrueux profits qu’il réalise sur le territoire national, mais ses dirigeants ont quasiment le rang de chefs d’Etat. Vous vous rappelez cet épisode surréaliste, en décembre dernier : alors que Laure Filippetti (ministre de la culture) boycotte l’inauguration de l’institut culturel Google (« je ne veux pas servir de caution à une opération qui ne lève pas un certain nombre de questions que nous avons à traiter avec Google »), c’est Fleur Pellerin (ministre du numérique) qui a été appelée en urgence pour la remplacer au pied levé !

A chaque fois qu’un tel crime de lèse-googlitude se produit, on entend résonner les menaces d’une suspension du trafic France par le géant étasunien. Et cette évocation de sanctions économiques suffit à ramener tous les contestataires à la niche.

La Chine bloque les sites de Twitter, ceux de Facebook, et a imposé à Google certaines conditions pour reconduire sa licence (gmail fonctionne mais la partie blogspot est bloquée). C’est avant tout un protectionnisme sur un secteur stratégique : avec près de 500 millions d’internautes, la Chine représente de très loin le plus gros marché du monde. Baidu, Weibo, Taobao et bien d’autres fournissent aux Chinois les services qui chez nous sont monopolisés par les compagnies étasuniennes.

Vous n’arrivez pas à « streetviewer » la Chine ? Essayez le service Baidu ! Vous verrez, il n’a rien à envier à son grand frère !
 

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