Les sinologues parisiens dénoncent à longueur de colonne la Chine à deux vitesses, celle des inégalités, de la corruption et de l’injustice. La misère terrible de ces gens privés de droit de vote. Qu’en est-il réellement ? Lee le sinologue de terrain a enfourché son biclou rouillé pour aller à la rencontre de la Chine d’en bas. Rencontres du bord de la route et portraits de la Chine des bas-côtés.
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A l’heure de sa défaite inéluctable, Spartacus, dans le récit
d’Arthur Koestler, voit une tombe au bord de la route. « Moi, Caïus Mordicus, suis enterré au bord de la route. De cette
façon, les passants peuvent me dire « Salut, Caïus ! ».
« Salut, Caïus ! » dit Spartacus.
En m’arrêtant je remarquai à quelques pas de la route un
alignement de ruches, et bientôt aussi une cabane en planches devant laquelle
un homme était assis. Cet homme s’appelle Monsieur Wu, et il est apiculteur de
son état. Il vit 3 mois par an avec sa femme dans ce petit taudis en planches,
avant de déménager ses ruches vers le Nord (pas bien compris où exactement)
lorsque la floraison se terminera ici. Comme il a l’air disposé à la discussion
j’en profite pour l’interroger sur sa profession. « Pas de patron, pas
d’horaires, la nature, pas de stress, que je lui dis : ça doit être
chouette comme travail ? Quand je vois les Pékinois dans leur voiture,
dans les embouteillages, deux heures de la maison au bureau, le chef qui leur
aboie dessus toute la journée… » Il acquiesce en souriant, mais
rectifie : « Moi aussi j’ai des périodes stressantes : lorsque
la saison bat son plein, il faut récolter le miel de 100 ruches en quelques
jours, et puis ensuite le déménagement… ». Se levant soudain, il appelle sa
femme, ils me tendent un chapeau d’apiculteur et me font signe de les suivre.
J’assiste à une récolte impromptue : j’étais loin
d’imaginer la chose possible, mais c’est finalement tout simple. Il ouvre,
envoie la fumée, puis soulève un rayon, hop, un petit coup de balayette pour
ôter les abeilles assommées par la fumée, et il place le rayon dans une petite
centrifugeuse à manivelle. Quelques tours de manivelle et puis tout reprend sa
place. Ensuite la centrifugeuse est vidée dans un pot qu’il me tend, non sans
avoir d’abord passé un coup de chiffon dessus. « C’est un cadeau, qu’il me
dit. C’est la deuxième fois qu’un laowai vient nous rendre visite. L’autre
fois c’était un Canadien, à vélo lui aussi. »
Je ne sais pas trop quoi ajouter, je réfléchis à ce que
je pourrais lui donner en échange, un souvenir de France, mais mon barda est
limité au strict minimum.
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Un ange et quelques abeilles passent.
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