jeudi 2 avril 2015

Corruption en Chine: la valse à trois temps



Dans la presse internationale c’est l’indignation contre la corruption en Chine qui a longtemps prévalu. « Endémique », « rampante », « ubuesque » la corruption en Chine ? C’est du moins ce qui ressort des rapports de Transparency international, une ONG (?) qui enquête, année après année, sur la « corruption perçue » dans le monde. La Chine était 100ème sur 175 pays selon en 2014, ex-aequo avec l’Algérie et le Suriname, pas une performance olympique donc. Transparency ne brille pas par la transparence de sa méthodologie de recherche, il faut dire. « Corruption perçue » suggère une enquête auprès d’un échantillon représentatif par pays mais une recherche dans le site de l’organisme nous apprend qu’il s’agit en fait d’ « opinions d’experts ». Qui sont ces experts ? Quelle est leur méthodologie ? On n’en saura pas plus.


D’où résultats vraisemblables, sauf exception. Certaines pétro-monarchies semblent avoir bénéficié d’un bonus d’encouragement. Les Emirats Arabes Unis, le Qatar, les Bahamas arrivent ex-aequo avec la France, et d’autres hydroligarchies suivent assez haut dans le classement. Surprenant pour qui connaît le pouvoir corrupteur du pétrole, surtout combiné au féodalisme théocratique… La Corée du Nord, cancre pré-désigné de tout classement international, occupe bien évidemment la toute dernière place. Problème : elle ferme le ban derrière des pays en guerre civile où toute notion d’Etat de droit a par définition disparu (Libye, Afghanistan, Irak, Sud-Soudan, Somalie).

Enfin, l’Inde (85è) se classe bien mieux que la Chine (100è), ce qui contredit toutes les observations que l’on peut faire au quotidien dans ces pays. Il s’agit clairement d’un biais idéologique (« la plus grande démocratie du monde » ne peut pas être pire que « la plus grande dictature de l’histoire »).

Jusqu’en 2012 donc, la presse démocratique s’en donnait à cœur joie : corruption et frasques des « fils de princes » (rejetons d’hommes de pouvoir). Des photos d’une soirée karaoké un peu olé-olé font surface ! Indignation vertueuse dans le public démocratique ! On apprend pourtant que le contrevenant a été condamné à payer les frais de la soirée, plus de 10 000 yuans… (1500 euros : les Célestes ont la débauche modeste !). « Mais il y a fort à parier que l’affaire ne débouchera sur aucune réforme du système, ni sur des déclarations de patrimoine, ajoute le professeur »

Les chambres de commerce et délégations commerciales se fendent de mises en garde contre les « dangers de se livrer » lorsqu’on est un honnête homme d’affaires occidental dans le guêpier chinois… des scénarii très inquiétants sont proposés en illustration.
Enfin, thème peu abordé dans nos pays, celui de la corruption dans les médias, du « publirédactionnel » et autres entorses à l’éthique informationnelle, font les choux gras de la presse démocratique. L’ « opulence des journalistes » chinois fait saliver de jalousie leurs incorruptibles collègues occidentaux… on n’en doute pas une seconde.

Bref : endémique, indéracinable, incurable, la corruption est aussi chinoise que la baguette est française… 


Depuis 2012, coup de théâtre : Mr. Xi s’attaque aux écuries d’Augias. Héros ? Pas du tout ! L’indignation se retourne désormais contre la lutte anticorruption en Chine : eh oui, les premières victimes de ces « purges staliniennes » sont bien évidemment le luxe à la française, les cognacs hors de prix, les sacs à main vendus à des sommes défiant le ridicule et finalement les voyages à Paris, capitale du romantisme kitsch.
Si les produits de luxe toussent, ce sont évidemment les journaux qui vivent de la publicité qui s’étranglent : il faut les voir se déchaîner contre une lutte anti-corruption qui n’est en fait que « poudre aux yeux » et « luttes de clans ».

Certains avouent le fond de leur pensée, et croyez-moi, il ne s’agit pas d’éthique politique : « Cognacs en Chine, après une croissance à deux chiffres, coup d’arrêt scandaleux ». Pareil pour les ventes de montres de luxe ou les vins de Bordeaux.

A suivre!

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