jeudi 28 janvier 2016

Chinois d'hier et d'aujourd'hui



En 1957, à l’époque de la guerre froide, Mao Zedong a tenu son discours resté célèbre « Je n’ai pas peur de la guerre nucléaire ». Mao faisait de la dissuasion sans arme nucléaire : « Il y a 2.7 milliards de personnes sur terre ; ça importe peu si certains sont tués. La Chine a une population de 600 millions ; même si la moitié est tuée, il restera 300 millions de personnes. Je n’ai peur de personne ».


Les Chinois nés autour de cette date l’illustrent aujourd’hui. Ils prennent un soin rustique de leur santé. Pas dans le sens occidental qui consiste à faire ce qui est sain (nourriture saine, exercice) et à réduire ou proscrire ce qui est néfaste (graisses, tabac, alcool) ! Dans le sens chinois, qui consiste à entraîner son corps à résister à des épreuves qui tueraient le débutant non entraîné ! Si la guerre nucléaire devait éclater, il ne fait aucun doute que les survivants, ce seraient eux.




Ah les vieux coriaces ! Ce qui ne les tue pas les rend plus forts.   






On voit souvent ces vétérans se rassembler en slip de bain au bord d’une rivière ou d’un lac, s’asperger d’eau glacée et rigoler en s’administrant de grandes claques (massages) dans le dos. Hiver comme été, ils suivent leur petit rituel : quelques mouvements de gymnastique, enfiler les bonnets de bain, piquer une tête, et nager dix ou quinze minutes, avant de ressortir soufflant comme des phoques, fumants dans le froid matinal… 



Après une jeunesse rééduquée à transporter du fumier à la campagne puis une carrière ouvrière dans les fumées toxiques à manier des matières en fusion, ils ne craignent pas de s’immerger dans l’eau peu transparente, ne répugnent pas à fumer quelques cigarettes pendant l’exercice. On les voit le reste du temps, le bide à l’air, à se siffler une petite bouteille de baijiu autour d’un repas pantagruélique entre potes. Ou  prendre le soleil, affalés avec un air de vieux lion fatigué en fumant leurs abominables cigarettes Mao Zedong. Mais, lorsqu’ils attaquent le terrain d’exercice, ils sont impressionnants : souples et musclés, il faut les voir empoigner d’un air décidé la barre fixe et enchaîner quelques tractions, flexions, lever le pied au-dessus de l’épaule, faire de la barre fixe en tenant les jambes à l’équerre …



Quel contraste avec la jeune génération ! Eduqués et au fait des dernières tendances de la mode, arborant des coiffures excentriques et des cheveux colorés, portant souvent sac à main et citybike psychédélique, on se croirait des fois à la dispersion d’un défilé de la gay pride.   


 
En arrivant en Chine j’avais l’impression d’une concentration anormalement élevée de gays. Coiffeurs efflanqués et maquillés, touristes aux poignets fins et aux mains manucurées portant des appareils photo plus lourds qu’eux, damoiseaux imberbes dissertant de choses futiles sur leur smartphone…





Je me trompais ! En Chine, efféminé n’est pas gay ! M’étant lié d’amitié avec quelques représentants de la génération femmelette, force m’a été de le constater : ces jeunes androgynes épilés et parfumés, si au fait des dernières créations de Dolce&Prada, sont souvent des dragueurs impénitents et il ne manque pas de jeunes filles pour trouver rassurante leur constitution fragile et distrayant leur babil de fashionista. Ils maîtrisent comme personne l’art du réseau social mais je ne donne pas cher de leur peau satinée s’ils étaient soudain privés de connexion 3G… 

La Chine change. Le monde aussi.

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